espèces envahissantes

La Grenouille taureau en Lot et Garonne : info ou intox ? 

Suite à la découverte d'un tétard de grande taille dans le Lot et Garonne, qui a vite fait planer la menace de l'apparition de la Grenouille Taureau dans notre département, une petite mise au point s'impose.

En effet, de nombreux témoignages apparaissent chaque année pour signaler la présence de cette espèce exotique envahissante. Cependant, de nombreux risques de confusions existent. Les individus adultes sont très souvent confondus avec de gros spécimens de Grenouille verte, espèce bien de chez nous. Il en va de même pour les têtards. Plusieurs espèces locales peuvent parfois atteindre de très grande taille à l'état de têtard, comme l'Alytes accoucheur ou la Grenouille rieuse.

La Grenouille taureau (Lithobates catesbeianus), est un amphibien originaire d’Amérique du Nord aux dimensions impressionnantes. Certains individus introduits en France peuvent dépasser 1 kilogramme pour une taille frôlant les 30 cm. De couleur variable allant du brun au vert, elle est finalement difficile à différencier des espèces autochtones, notamment la Grenouille verte (Pelophylax sp.). C’est probablement la raison pour laquelle de nombreux signalements erronés apparaissent chaque année. Sa détermination est affaire de spécialiste, seule l’absence de bande latéro-dorsale et la présence d’un tympan de grande taille permet de l’identifier à coup sûr. Bien qu’une fois dépassé les 20 cm, la confusion n’est plus guère possible. Les têtards peuvent également facilement être confondus. En effet, ceux de certaines espèces locales (Grenouille rieuse, Alytes accoucheur, Pélodyte ponctué...) peuvent parfois dépasser les 10 cm et paraître très impressionnants. Son chant, en revanche, ne laisse aucun doute sur l’origine de l’individus. C’est un son grave et très puissant rappelant le meuglement d’un vache (d’où le nom de Grenouille taureau), ne ressemblant à aucun autre chant d’amphibien (Voir vidéo à la fin de l'article).

Introduite en Gironde il y a plusieurs décennies par des particuliers, elle a fini par s’échapper et coloniser plusieurs secteurs proches. Sa présence et ses impacts ont fini par mobiliser scientifiques et citoyens au début des années 2000. D’importantes mesures furent prise pour enrayer la colonisation de cet amphibien particulièrement vorace. Impossible à éradiquer complètement, l’espèce est en revanche suivie de près et contenue sur certains secteurs uniquement. Trois foyers sont à l’heure actuelle connus en Aquitaine : de Libourne à l’estuaire de la Gironde, dans le bassin d’Arcachon sur quelques communes et enfin à l’extrême nord de la Dordogne (Source : Cistude Nature). Aucune population n’est pour l’instant officiellement répertoriée en Lot et Garonne.

Opportuniste et possédant un régime alimentaire large, elle consomme une grande variété de proies (poissons, crustacés, serpents, oiseaux…) dont une majorité d’amphibiens locaux. De plus, de par sa dynamique de reproduction très forte et ses capacités d’adaptation très importantes, elle concurrence et impacte très rapidement les populations d’amphibiens locales (rainettes, grenouilles vertes, crapauds, etc…). Son impact peut donc s’avérer important sur nos écosystèmes, déjà fragilisés par la présence d’une autres espèce exotique issus du même secteur géographique, l'écrevisse de Louisiane.

Faisant parti des espèces exotiques introduites parmi les plus célèbres, elle a fait le une des journaux de nombreuses fois depuis le début des années 2000, parfois à tort. En cas de doute quant à la présence éventuelle de l’espèce, ne pas céder à la panique ou intervenir soi-même. Toutes les espèces d’amphibiens sont protégées en France, et de nombreux exemples existent de grenouilles autochtones éradiquées d’une mare car confondues avec la Grenouille taureau. Contactez plutôt une association locale.

Dans cette optique, la création d’un Point Info Biodiversité par le CPIE Pays de Serres-Vallée du Lot en 2015 permet aux citoyens Lot et Garonnais de disposer d’un relais local pour toute question autour de la nature et de la biodiversité. L’association porte également un projet de science participative nommé « Un dragon dans mon jardin » permettant aux habitants du Lot et Garonne de recenser les amphibiens qu’ils ont observés, et d’ainsi participer à leur préservation.